1957 est une année faste pour Thomas Cervoni. Il a enfin retrouvé l’amour et il épouse le 20 mai à Paris et en toute intimité Suzanne Darcémont, qui sera "ses yeux" pour sa carrière de romancier ; et il trouve enfin le succès, avec le manuscrit de son dernier roman "Poison d’Avril", qui obtient le Prix du Quai des Orfèvres {30} et est publié comme il se doit à ce moment-là par Hachette, dans sa collection "Le Point d’Interrogation". On raconte l’anecdote que, venant chercher son prix au quai des Orfèvres et alors qu’il était le héros de la fête, un des organisateurs ne l’ayant pas reconnu le fit passer devant d’autres personnes en tant qu’handicapé en clamant : " Laissez passer le pauvre aveugle " (entretiens privé avec René Poscia et Françoise Postic).
Ci-contre :
"Le froid du tombeau" – dernier titre avec le commissaire Paron (1959) – collection policière bientôt rebaptisée
"Crime Club" ;
"La mort au cœur" (1961) – collection "Crime Club" ;
"La complice" (1966)
collection "Crime Club – nouvelle présentation" ;
"Malencontre" (1972) – collection "Super Crime Club".
- Ci-contre, dans la collection "Sueurs froides" :
"Le sauf-conduit" (1980);
"Une chute qui n’en finit pas (1985) ;
"Une fille pleurait (1991) et son ultime roman "Une femme de trop" (1995)
Voilà un rythme d’écriture qui peut paraître quelque peu insuffisant pour vivre de ses écrits, si on ignore que Thomas Cervoni se plonge dès la fin des années 50 dans l’écriture de scénarios et de leurs adaptations pour la Radio et la Télévision, et même pour le cinéma…
"Poison d’Avril", Prix du Quai des Orfèvres 1957. Le roman sera adapté dès 1958 par Charles Maître pour l'émission radiophonique "Les Maîtres du Mystère", et sera réédité en 1985 dans la collection Le Masque.
Il signe pour ce roman, comme dorénavant pour toutes ses futures productions, du nom de Louis C. Thomas, pour ne pas être confondu avec Louis Thomas, un autre auteur très prolifique et très connu à l’époque, mais qui avait été un collaborateur notoire pendant la guerre et qui s’était réfugié en Belgique.
Dans l’entretien qu’il accorda à Jacques Baudou fin des années 80, Thomas Cervoni rapporte que cet événement fit l’objet d’un court sujet aux actualités cinématographiques, et que cela lui fit une bonne publicité, supérieure même à celle de la télévision, et qu’il fut tout de suite connu ; et dans son numéro du 15 janvier 1958, la revue Francs-Jeux fera part de sa fierté de compter Louis C. Thomas dans son équipe qui, dira-t-elle, n’a pas voulu garder le montant de son prix – 100.000 F – mais l’a donné à l’Union des Aveugles.
Thomas Cervoni – alias Louis C. Thomas, avec sa femme Suzanne, interviewé à l’émission TV "Paris Club" {31} en novembre 1957 par Roger Féral et Jacques Chabannes à l’occasion du Prix du Quai des Orfèvres pour "Poison d’Avril" (photo : couvertures Enigmatika n°37 et 38) Dans l’entretien qu’il accorda à Jacques Baudou fin des années 80, Thomas Cervoni rapporte que cet événement fit l’objet d’un court sujet aux actualités cinématographiques, et que cela lui fit une bonne publicité, supérieure même à celle de la télévision, et qu’il fut tout de suite connu ; et dans son numéro du 15 janvier 1958, la revue Francs-Jeux fera part de sa fierté de compter Louis C. Thomas dans son équipe qui, dira-t-elle, n’a pas voulu garder le montant de son prix – 100.000 F – mais l’a donné à l’Union des Aveugles.
Il habite maintenant Paris, dans le 18ème arrondissement, près de "La Fourche", mais aime à renouer avec ses racines chaque été à La Capte {32} dans la petite propriété familiale sous les pins "La Corsica".
En 1958, auréolé de son Prix du Quai des Orfèvres, Maurice Renault lui fait intégrer la très sérieuse maison des Editions Denoël et sa toute nouvelle "collection policière" (qui sera rebaptisée "Crime Club" à partir du 41ème titre). Il s’approprie le cinquième titre de la collection avec "Le mort qui marche", roman qui ouvre une nouvelle ère d’écriture pour l’auteur, puisqu’il va abandonner le roman classique à énigme avec personnage récurrent, et se tourner vers le roman à suspense avec développement psychologique des personnages. Il restera fidèle à cet éditeur jusqu’à la fin de sa carrière de romancier, en fournissant un titre par an entre 1958 et 1969, puis un titre tous les trois ans en moyenne pour la Collection Sueurs froides, qui a remplacé la Collection Crime Club, et ce jusqu’en 1995.
Pour écrire, son épouse lui dresse les décors de ses livres, en lui décrivant, à la faveur de leurs sorties, le monde qu’il ne voit plus… Avec son aide, il se documente dans les catalogues, les guides et les encyclopédies. C’est elle qui désormais corrige ses "manuscrits". Pour accroître la vraisemblance de ses romans, il n’hésitera pas à téléphoner, dans les années 1980, à l'Inspecteur divisionnaire du Vème arrondissement de Paris, pour lui demander conseil ou pour vérifier le bien-fondé des situations qu’il imagine…{33}.
Quelques titres publiés chez Denoël au fil des collections et de leur présentation :
Pour écrire, son épouse lui dresse les décors de ses livres, en lui décrivant, à la faveur de leurs sorties, le monde qu’il ne voit plus… Avec son aide, il se documente dans les catalogues, les guides et les encyclopédies. C’est elle qui désormais corrige ses "manuscrits". Pour accroître la vraisemblance de ses romans, il n’hésitera pas à téléphoner, dans les années 1980, à l'Inspecteur divisionnaire du Vème arrondissement de Paris, pour lui demander conseil ou pour vérifier le bien-fondé des situations qu’il imagine…{33}.
Quelques titres publiés chez Denoël au fil des collections et de leur présentation :
Ci-contre :
"Le froid du tombeau" – dernier titre avec le commissaire Paron (1959) – collection policière bientôt rebaptisée
"Crime Club" ;
"La mort au cœur" (1961) – collection "Crime Club" ;
"La complice" (1966)
collection "Crime Club – nouvelle présentation" ;
"Malencontre" (1972) – collection "Super Crime Club".
- Ci-contre, dans la collection "Sueurs froides" :
"Le sauf-conduit" (1980);
"Une chute qui n’en finit pas (1985) ;
"Une fille pleurait (1991) et son ultime roman "Une femme de trop" (1995)
Voilà un rythme d’écriture qui peut paraître quelque peu insuffisant pour vivre de ses écrits, si on ignore que Thomas Cervoni se plonge dès la fin des années 50 dans l’écriture de scénarios et de leurs adaptations pour la Radio et la Télévision, et même pour le cinéma…
{notes}
{30} - Thomas Cervoni obtint le prix au premier tour par 8 voix contre 2 à Léonce Peillard pour "Ce brave M. Joseph" et 2 voix à Robert Picq pour "Les Ourloups" (Henry Yvon Mermet in Enigmatika op. cit.).
{31} - Paris-Club était une émission TV quotidienne d’une demi heure, avant le journal télévisé de 13h, centrée sur l’activité culturelle de la Capitale (d’où son nom). Livres, disques, spectacles y étaient présentés par les auteurs, chanteurs et comédiens eux-mêmes, interviewés par le tandem de production et d’animation Roger Féral et Jacques Chabannes. (voir article sur Wikipedia à l'adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/Paris-Club)
{32} - La Capte est un hameau de Hyères, sur la route allant vers Giens.
{33} - L'Inspecteur divisionnaire de l’époque était un certain François Ducos, que les amateurs de littérature populaire connaissent bien comme étant le signataire d’une série d’articles consacrés aux illustrateurs et publiés dans la revue "Le Rocambole" sous l’intitulé "Aujourd’hui on expose. :…" (merci à Olivier de l'Amour du Noir pour la rectification de la fonction de l'intéressé)
{31} - Paris-Club était une émission TV quotidienne d’une demi heure, avant le journal télévisé de 13h, centrée sur l’activité culturelle de la Capitale (d’où son nom). Livres, disques, spectacles y étaient présentés par les auteurs, chanteurs et comédiens eux-mêmes, interviewés par le tandem de production et d’animation Roger Féral et Jacques Chabannes. (voir article sur Wikipedia à l'adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/Paris-Club)
{32} - La Capte est un hameau de Hyères, sur la route allant vers Giens.
{33} - L'Inspecteur divisionnaire de l’époque était un certain François Ducos, que les amateurs de littérature populaire connaissent bien comme étant le signataire d’une série d’articles consacrés aux illustrateurs et publiés dans la revue "Le Rocambole" sous l’intitulé "Aujourd’hui on expose. :…" (merci à Olivier de l'Amour du Noir pour la rectification de la fonction de l'intéressé)
Bonjour TontonPierre,
RépondreSupprimerpour information François Ducos (note 33) n'a jamais été commissaire divisionnaire, mais inspecteur divisionnaire.
Bravo pour ce travail & à bientôt,
Librairie l'Amour du Noir - Olivier