Bien que bon nombre d' informations présentées sur ce blog soient le résultat d'un travail personnel, je tiens à remercier Jacques Baudou, responsable en son temps de la revue Enigmatika - revue consacrée à la plupart des grands auteurs français de romans policiers des années 1930-1970 - qui m'a autorisé à utiliser le contenu des numéros 37 et 38 de ladite revue consacrés à Louis C. Thomas. Un grand merci aussi à la famille de Thomas Cervoni - ses neveu et nièce - qui m'ont aidé - et qui m'aident encore - à reconstituer les maillons manquants...


vendredi 10 décembre 2010

5 - Adaptations, Rééditions, Compilations,... Consécration !

Son roman "Manie de la persécution", publié en 1962, retient l’attention de Julien Duvivier qui en tire un film en 1967 sous le titre "Diaboliquement vôtre", avec Alain Delon et Senta Berger. Il en est de même pour son roman de 1964, "Les mauvaises fréquentations", qui sera adapté également en 1967 par Yves Favier et porté à l’écran sous le titre "Les racines du mal" {47}.



"Diaboliquement vôtre" : de Julien Duvivier, d'après le roman de Louis C. Thomas "Les mauvaises fréquentations". Sortie en salles le 27 décembre 1967.

Son roman "La Complice", publié en 1966, et issu de la novelisation de la pièce radiophonique du même titre diffusée en 1964 dans l’émission "Les Maîtres du Mystère", sera adaptée pour le théâtre par lui-même et par Jacques Remy ; et la pièce sera jouée au théâtre Daunou en 1973 par Gérard Barray et Corinne Marchand, avant d’être sélectionnée pour l’émission "Au théâtre ce soir" en 1975.

En 1971, il réédite chez Denoël sous une forme fortement remaniée (sur la forme et non sur le fond) son premier succès sorti au Fleuve Noir "Jour des morts". Le romancier n’a pas livré de nouveau manuscrit depuis deux ans. Il avertit le lecteur que l’histoire se déroule à Toulon, en 1951, et qu’en la réécrivant, il aurait pu facilement l’actualiser… mais que cela n’aurait rien apporté à l’action, tout en détruisant l’atmosphère dans laquelle baignait l’aventure… La critique est alors aussi élogieuse que pour la version originale de 1953 (Maurice-Bernard Endrèbe / Louise Lalanne, Michel Lebrun, Boileau- Narcejac), bien que l’auteur lui-même reconnût plus tard que ce nouveau texte était un peu sec.

Les rééditions vont alors s’enchaîner, notamment chez d’autre éditeurs : Le Livre de Poche (1977), La Librairie des Champs Elysées et ses fameuses Collections du Masque (1980 à 1999), les Editions du Rocher à Monaco (1985 à 1999), J’ai Lu (1986 et 1988), et pour finir Gallimard, qui réédite en 2000 son ultime roman publié en 1995 "Une femme de trop".

Fin des années 60 et courant des années 70, il travaille régulièrement sur des scénarios TV. "Les Cinq dernières minutes" bien sûr, mais aussi des dramatiques tirées de ses romans ou de scénarios originaux : "Malican père et fils – Danger de mort" (1967), "La nuit des cents millions" (1975),…


Il adapte aussi des dramatiques TV avec Michel Lebrun ("Qui veut la fin" (1970), "Dernières volontés" (1973), "A vos souhaits… la mort"" (1974), et écrit avec lui une pièce de théâtre policière : "Le costume marin", qui restera à l’état de pièce écrite {48}.

En 1975, il publie "La place du mort", qui recevra le prix "Mystère de la Critique" de l’année 1976 {49}, prix créé quatre années auparavant par une équipe des Editions OPTA. Ce titre fournira le sujet d’un feuilleton TV au Japon.

1976 : peut-être faut-il parler d’un renvoi d’ascenseur…, puisqu’après son prix "Mystère de la Critique", le jour où il se livre à une séance de signatures avec son titre primé, il apprend que le comité de lecture des Editions Denoël refuse son nouveau roman {50}, lequel est immédiatement récupéré par Maurice-Bernard Endrèbe pour sa collection aux Editions OPTA, qui publiera donc "Pour le meilleur et pour le pire", titre qui sera réédité en 1985 aux Editions du Rocher de Monaco, et dont les droits seront eux aussi vendus à des réalisateurs japonais.














"La place du mort" (1975), qui recevra le prix Mystère de la Critique en 1976 ; et "Pour le meilleur et pour le pire", publié en 1976 aux Editions OPTA. Les droits d’adaptation de ces deux romans seront vendus au Japon pour des feuilletons télévisés.



















Thomas Cervoni a travaillé étroitement avec Michel Lebrun. En 1978, il lui dédicace – ainsi qu’à son "amie" Caroline Camara – son dernier roman "La mort en chantier", finaliste du prix du suspense français 1979 (photo de la dédicace : exemplaire Bilipo)

En 1982, ce n’est pas Thomas mais son épouse Suzanne qui publie un roman - son premier roman - ayant pour titre "L’escalier de service" .


En 1986, il publie une compilation de 17 nouvelles dont 11 inédites aux Editions Denoël sous le titre "Crimes parfaits et imparfaits". La compilation comporte quelques rééditions de ses nouvelles parues dans Mystère Magazine et la novelisation de quelques pièces radiophoniques. Treize de ces nouvelles serviront de scénarii pour la future série télévisée "Sueurs froides" – une anthologie d’histoires policières à suspense.

Seize nouvelles signées Louis C. Thomas, dont treize issues de son recueil "Crimes parfaits et imparfaits", sont adaptées et diffusées au printemps 1988 sur Canal+ dans la série "Sueurs froides", sous forme d’épisodes de 26 minutes, présentés par Claude Chabrol {51}.



La série TV Sueurs Froides, diffusée sur Canal + du 6 février au 25 juin 1988. Ci-dessus l’édition en 3 DVD sortie en avril 2008 .

La série est un succès. Thomas Cervoni retrouve le chemin des interviews journalistiques : Nice Matin, France-soir, présentent sur plusieurs colonnes celui qui n’hésite pas à nous donner… des sueurs froides.


"Sueurs Froides" et les honneurs de la Presse : Nice Matin du 11 juillet 1988 (Sueurs Froides sur C+) et France-Soir du 12 décembre 1988 (Sueurs Froides sur A2).
En 1993 ; il publie une seconde compilation de 17 nouvelles : "Crimes avec préméditation" cette fois-ci pour la collection Le Masque, et présentées comme inédites, mais qui là encore, et pour certaines, sont des réécritures de nouvelles parues dans Mystère Magazine ou des novelisations des scripts écrits pour la radio.

Cette même année, sa femme vient de publier son deuxième roman : "Tendre comme le souvenir"…, mais une maladie incurable la guette bientôt… celle-là justement qui efface le souvenir…

En 1995, Thomas Cervoni vient de publier son dernier roman chez Denoël - "Une femme de trop" et, à l’occasion d’une interview accordée au journal Var Matin, il définit son style de romancier : " Je ne suis ni un spécialiste du roman noir, autant dans mes livres que pour la télé, ni un maniaque du crime ; j’écris pour offrir un moment de détente à mes lecteurs. J’ai situé la plupart de mes actions dans le contexte d’une corporation : les forts des halles quand le pavillon Baltard vivait encore, le milieu des pêcheurs, les notaires, etc. Point de politique dans mon œuvre, point de policiers ripoux, ni de bourgeois imbuvables. Je décris, non comme je le vois hélas, mais comme je pense, à travers tout ce que j’entends, tout ce qu’on me raconte. ". Il annonce qu’il a entamé son "41ème" roman {52}, dont il a déjà écrit 80 pages… et dont il ne connaît pas encore l’épilogue.
Une des dernières photographies de Thomas Cervoni, en 1995, durant une séance de dédicace de son "dernier" roman sur la terrasse de" la Bastide", à Hyères / La Capte (Photo Philippe Colombi-Pic – Var Matin)

… Et nous non plus ne connaîtrons pas la chute de son dernier roman… Le décès de sa femme, survenu la même année, vient de lui faire perdre une deuxième fois ses yeux… et plus encore : le goût de la vie.

Ne voulant plus rester seul à Paris, il demande à revenir définitivement dans la ville de son enfance, où il se place à la maison de retraite "La Louisiane", et où il semble que ses seuls plaisirs soient des parties de boules qu’il fait avec son filleul à l’occasion de ses visites. Il attend de retrouver celle qu’il aimait,… qu’il rejoindra au matin du 10 janvier 2003.
Celui qui, quelques années auparavant seulement, recevait encore les honneurs de la presse régionale et nationale, n’aura même pas droit à un petit entrefilet annonçant sa disparition…

Selon ses volontés, ses cendres seront dispersées au jardin du souvenir de Cuers… comme autant de feuillets de ses romans qui s’envoleront au gré des vents et au-delà des mers… pour retrouver ces millions de lecteurs qu’il aura fait frémir - et qu’il continue encore à faire frémir - par ses récits, depuis plus d’un demi siècle.


TontonPierre - octobre 2010



{Notes}

{47} - Le film n’est jamais sorti en salle. Thomas Cervoni rapporte dans son entretien avec Jacques Baudou que le film avait été montré en avant-première à Marseille – là où il avait été tourné – mais qu’il y avait eu un conflit avec le distributeur et que le film n’était jamais passé ailleurs…

{48} - Voir l’article signé Louis C. Thomas "Nos crimes en commun" écrit en hommage à Michel Lebrun dans le n°23 d’Enigmatika (février 1983) consacré à Michel Lebrun

{49} - Créé en 1972 à l’occasion de la relance des Editions OPTA par un groupe de quatre copains dont Georges Rieben et Bernard Rapp, le "Prix Mystère de la Critique" est décerné chaque année à l’auteur dont le roman est le plus cité parmi les dix romans préféré des critiques spécialisés. Deux prix sont décernés : un pour les romans français, l’autre pour les romans étrangers. "Louis C. Thomas" obtiendra le prix avec 9 voix sur 15, le titre étant l’un des 50 préférés de Boileau-Narcejac (H.Y. Mermet – La vie et l’œuvre de Louis C. Thomas in Enigmatika n°37 – juillet 1989). Parmi les illustres critiques du prix a figuré très longtemps Maurice Bernard Endrèbe, qui rappelons-le, avait apprécié Thomas Cervoni dès son premier "grand roman" : "Jour des morts"…

{50} - L’auteur expliquera ce refus par un remaniement du comité de lecture et de sa direction qui voulait publier des œuvres plus orientées politiquement (H. Y. Mermet – La vie et l’œuvre de Louis C. Thomas, op. cit.)

{51} - La série "Sueurs froides" comporte 18 épisodes de 26 minutes diffusés sur Canal+ entre le ,et rediffusés sur A2 fin 1988 et début 1989. 16 épisodes de la série sont des adaptations de nouvelles de Louis C . Thomas, les deux derniers "Mise à l’index" et "Black mélo" étant respectivement adaptés de nouvelles de Bruno Léandri et de Philippe Setbon.

{52} - Ne cherchons pas à répertorier avec exactitude les 40 romans précédents. On dépasse la trentaine si l’on s’en tient aux "grands" romans, mais on dépasse allègrement la quarantaine en tenant compte de ses récits policiers parus chez Ferenczy.





Remerciements


Je tiens à remercier toutes celles et ceux qui m'ont aidé dans mes recherches - ces dernières n'étant d'ailleurs pas terminées..., qui ont répondu avec empressement à mes courriers, et qui m'ont encouragé dans mon entreprise - parfois en me confiant telle ou telle indisrétion sur l'auteur et sur son oeuvre.


Merci donc à :
- Françoise Postic - fille de Marie-Jeanne Cervoni, nièce de Thomas Cervoni,
- Serge Gardiès - fils de Jacqueline Cervoni, neveu et filleul de Thomas Cervoni,

- Jacques Baudou, responsable de la revue Enigmatika, qui a interviewé Thomas Cervoni en 1988 et qui m'a autorisé à utiliser l'étude présentée dans les numéros 37 et 38 de ladite revue - revue pratiquement introuvable aujiourd'hui,

- Le personnel de la Bilipo, qui a mis à ma disposition les deux numéros de la revue Enigmatika consacrés à Louis C. Thomas,

- René Poscia, François Ducos et Frank Evrard pour les indiscrétions anecdotiques sur l'auteur,

- Le personnel du service d'état civil de la mairie de Hyères,

- Marc Colonna, chef d'agence de pompes funèbres à Hyères, pour m'avoir mis sur la piste de la famille de l'auteur,

- Une pensée pour Henry-Yvon Mermet, disparu au début des années 2000, qui était un ami de Thomas Cervoni et qui avait retracé la carrière de son ami et s'était livré à l'analyse de son oeuvre, le tout publié dans les deux numéros déjà cités de la revue Enigmatika.




Les deux chapitres suivants seront consacrés à la présentation bibliographique (française) de l'oeuvre écrite de Louis C. Thomas (romans, récits policiers, nouvelles et contes pour enfants), et la présentation du théâtre radiophonique et télévisuel de l'auteur (sans oublier le cinéma et le théâtre).

1 commentaire:

  1. Un grand merci pour ce blog de qualité consacré à l'un de mes écrivains préférés!

    Amicalement

    Roch-Alexandre Kursner

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